LETTRE OUVERTE A MONSIEUR DETHIE FALL, MINISTRE DES INFRASTRUCTURES DU SENEGAL

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Objet : Pour un discours cohérent entre la rigueur budgétaire et la relance effective des chantiers publics.

Monsieur le Ministre, Votre récente déclaration sur la nécessité de respecter le coût, les délais et la qualité dans l’exécution des projets d’infrastructures a retenu l’attention de nombreux acteurs du secteur des BTP. Cet appel à la rigueur et à la transparence est salutaire, mais il ne saurait porter ses fruits sans une action immédiate sur les problèmes structurels qui paralysent aujourd’hui l’écosystème des entreprises sénégalaises de construction.   Avant d’exiger le respect des coûts et des délais, encore faut-il que les chantiers en cours soient relancés et que la dette intérieure due aux entreprises du BTP soit apurée. De nombreuses sociétés, jadis performantes, se retrouvent aujourd’hui au bord de la faillite faute de paiement des décomptes validés depuis plusieurs mois. Comment parler de performance, de respect des délais et de qualité quand les entrepreneurs n’ont plus les moyens de payer leurs salariés, leurs fournisseurs ou même leurs charges fiscales ? Le cas du Programme Spécial de Désenclavement (PSD), aujourd’hui pratiquement à l’arrêt, illustre parfaitement cette situation. Son blocage prolongé envoie un signal contradictoire aux populations. À cela s’ajoutent les divergences notoires dans les déclarations publiques de vos prédécesseurs :

• M. Malick Ndiaye avait affirmé que le retard du PSD était dû à l’absence d’études ;
• Tandis que M. Yakhoba Diémé évoquait, lui, des problèmes de commissions et de renégociations.

Ces contradictions laissent planer un doute sur la véritable nature des blocages. Les Sénégalais méritent d’être informés clairement et honnêtement sur les causes réelles de cette paralysie. Par ailleurs, Monsieur le Ministre, vos visites à 6h30 du matin dans certaines directions sous votre tutelle, systématiquement filmées et médiatisées, soulèvent de sérieuses questions. Au-delà de leur non-conformité avec le Code du travail sénégalais, ces mises en scène télévisées relèvent davantage d’une démarche populiste que d’une gestion rigoureuse des services publics.   Le véritable leadership ministériel ne réside pas dans des opérations de communication spectaculaires, mais dans la capacité à impulser des réformes structurelles, à instaurer une culture de résultats et à offrir des moyens de travail adaptés aux services concernés. Sur la question de la qualité, votre engagement doit s’accompagner d’une évaluation objective du rapport qualité-prix entre les entreprises nationales et étrangères. Les ingénieurs et techniciens sénégalais ont démontré leur compétence dans de nombreux projets, souvent à des coûts nettement inférieurs à ceux pratiqués par certaines firmes étrangères. La préférence nationale, que vous aviez érigée en pilier de la souveraineté économique durant la campagne électorale, doit maintenant être traduite en actes concrets :

• Priorité aux entreprises sénégalaises dans les appels d’offres publics ;
• Respect strict des délais de paiement ;
• Renforcement des capacités techniques et financières locales ;
• Transparence dans l’attribution et le suivi des marchés.

Monsieur le Ministre, Le respect du coût et des délais ne peut se construire que sur une base de confiance, de justice et de vérité économique. La relance des chantiers et le soutien à nos entreprises nationales sont les véritables leviers pour bâtir un Sénégal souverain, durable et économiquement fort. Avec tout le respect dû à votre fonction, je vous invite à engager sans délai : – un audit technique et financier des projets en souffrance,

– la publication d’un plan de désendettement du secteur BTP, – et l’ouverture d’un dialogue franc et inclusif avec les professionnels du secteur.

Respectueusement, Mamadou DIENG Ingénieur des travaux Coordonnateur du Mouvement National des Cadres du parti « LES SERVITEURS »